En ces temps chauds et comme à chaque début d’été, on trouve l’étalage de la figue de barbarie dans les marchés et souks pour ne pas dire à tous les coins de rues.
Ce fruit de saison, très convoité et consommé partout dans le Royaume, se trouve, ces dernières années, très recherché pour ses vertus pharmaceutiques et cosmétiques, notamment, celle de l’huile qui en est extraite.
Des unités de conditionnement et de valorisation ont été mise en place pour la production de cette huile de jouvence, dont l’extraction est laborieuse. Elle nécessite environ une tonne de figues de Barbarie pour en extraire 30 kilos de graines et produire un litre d’huile vendue entre 8.000 et 10.000 DH. Vu la rareté de cette huile, la filière cactus a connu la création d’une dizaine de coopératives qui tentent de développer des produits à base de ce fruit.
Malheureusement, la culture du cactus qui débute dès que le mercure grimpe, se trouve menacée par un insecte ravageur, appelé la cochenille à carmin.
En effet, Cultivée à grande échelle au Maroc, et extrêmement répandue, la figue de barbarie constitue une ressource importante pour les agriculteurs dans plusieurs régions du royaume. Selon le ministère de l’Agriculture, la culture du cactus couvre une superficie de 160 000 hectares, notamment dans les régions de Marrakech-Safi, Casablanca-Settat et Guelmim Oued Noun.
Mais la région de Doukkala n’est pas en reste, puisque cette culture en est abondante particulièrement dans la province de Sidi Bennour, où bon nombre d’agriculteurs en font leur gagne-pain.
Malheureusement, cet insecte dévastateur a causé beaucoup de dégâts dans la commune rurale de Saniet Berguig. Les services de l’Office Nationale de Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA) ont pris des mesures radicales en procédant à l’incinération des plantations malades pour arrêter sa propagation.
Des séances de sensibilisation au profit des agriculteurs ont également été dispensées par les services de l’ONSSA afin de lutter contre cet insecte.
Ces séances ont consisté en l’arrachage et l’enfouissement des raquettes infestées afin de réduire la dissémination de la cochenille.
Les causes de cette propagation sans précédent sont difficiles à identifier. Les avis divergent. Certains avancent que c’est la forte concentration des plantations de cactus dans les régions de Doukkala et Rhamna, qui sont les plus touchées, qui est la cause de cette épidémie. Chose qui n’est pas scientifiquement confirmée, car ce parasite, aurait évolué d’une manière variable selon les régions.
On rapporte que dans la région de Sidi Bennour, les agriculteurs ont résisté aux tentatives de traitement au début. Ce qui explique, en partie, l’invasion du parasite et l’aggravation de la situation dans cette zone, contrairement à Rhamna où la situation a été rapidement contenue.
Il est à noter que cet insecte ravageur spécifique au cactus et qui ne constitue aucun risque ni pour l’homme ni pour les animaux, a fait son apparition depuis 2015 pour la première fois dans la région de Sidi Bennour. Les investigations entreprises par les services de l’ONSSA ont révélé qu’il s’agit d’un petit insecte du groupe des cochenilles spécifique au cactus et qu’il n’a pas d’influence néfastes sur l’homme, ce qui devraient rassurer les amateurs de ce fruit très abondant pendant cette période de l’année.
Mais comme dit l’adage « à quelque chose, malheur est bon ». En effet, il faut signaler que la cochenille est un insecte dont les mâles ont des ailes, et dont les femelles, incapables de voler, produisent une substance rougeâtre pour se défendre. Cette substance appelée l’acide carminique, est un colorant rouge, très prisé par l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire. Il est utilisé comme colorant naturel pour les aliments tels que la charcuterie, les bonbons, les yaourts, les jus…, mais également pour les médicaments ou les produits cosmétiques. L’élevage de la cochenille pour son colorant rouge se fait au Pérou et aux îles Canaries.
Quant à la cochenille identifiée au Maroc, elle ne produit pas suffisamment d’acide carminique pour faire l’objet d’une quelconque utilisation industrielle. Elle n’est, malheureusement, là que pour dévaster les champs des figues de barbarie et nous priver de ce délicieux fruit.
Il faut signaler qu’il faudrait rester vigilant dans la région des Doukkala où la propagation de la maladie n’a pas encore été contenue et où les agriculteurs continuent à endurer les effets néfastes de l’insecte sur leur quotidien, étant donné, qu’à la tombée de la nuit, ils doivent garder toute lumière éteinte pour éviter que leurs habitations ne soient envahies par les insectes.
Bien que plusieurs dizaines de milliers de m² aient été arrachés, il reste encore beaucoup à faire pour sauver la culture de la figue de barbarie et sauver ces agriculteurs de ce calvaire appelé cochenille à carmin. Espérons que la propagation fulgurante de ce parasite dévastateur soit stoppée avant de causer plus de dégâts.
Par: Khadija Choukaili