Par : Selma Régragui
Généralement lorsque la question se pose et que le doute s’installe, il est clair que le sentiment est suggéré par plusieurs expériences négatives et dans le cas de l’immigrant marocain qui est activement à la recherche d’un emploi pour répondre à un minimum de ses besoins, les mauvaises expériences ne lui font pas défaut. Se remettre en question, oui, mais pourquoi ?
N’avions-nous pas satisfaits des critères de sélection avant de nous voir attribuer Résidence permanente et Citoyenneté?
N’aurions-nous pas prouvé capacités d’adaptation à travers de bonnes connaissances linguistiques et forces intellectuelles dont le descriptif est bien couché sur nos CV, revus et re-revus pour répondre aux exigences professionnelles des hordes de candidatures qui finissent entre les dents d’une déchiqueteuse bien aiguisée et qui avalerait avec appétit nos rêves dissolus dans l’acide des préjugés et de la ségrégation raciale…
Combien d’entre nous auraient souhaité se faire dire directement et sans ambages hypocrites : « Non, nous ne voulons pas de vous au sein de nos établissements, juste rentrez chez vous et cessez de vous faire aspirer par ce vortex dans lequel sont prises des tourbes d’âmes perdues qui n’iront pas plus loin que la perte de confiance en leurs habiletés professionnelles »?
Malheureusement, nous avons tous succombé aux blandices d’une image d’un pays parfait où il fait si bon vivre sur les sites de promotion de l’immigration vers le Canada.
Les aspirations étaient grandes, mais la déception l’est encore plus! Le chancre d’un racisme non avoué, pousse certains recruteurs à faire leur chattemite, éloignant ainsi tous soupçons autour d’une éventuelle stigmatisation des immigrants Maghrébins.
Vivre l’expérience de proposer sa candidature pour des postes qui colleraient parfaitement à notre profil au Québec, nous fait gouter à notre insu à l’annihilation de notre volonté de participer, foncièrement, au développement d’un pays qui ne nous considèrera jamais comme des citoyens à part entière. Et puis, elle s’installe tranquillement la morose impression que nous sommes pris entre deux cieux. Incapables de retourner au pays, et sans aucune vision de notre avenir sur la terre d’accueil. Les antiennes telles que : « Vous êtes excellente, Madame », « Votre culture générale dépasse les attentes », etc. veulent automatiquement dire : « Merci, au revoir, la porte est par là! ». Nous apprenons alors, et au fil des entrevues, à deviner d’avance les phrasées que nous sortirait un(e) responsable d’embauche qui n’a même pas le quart de votre cursus ou de vos compétences professionnelles. Le comble demeure les fameux Conseillers en emploi, que l’on croit thaumaturges, mais qui nous font déchanter à la première suggestion de changements médiocres à porter à nos Cvs ou lettres de motivation.
Ce n’est qu’arrivés à ce stade-là que nous découvrons le vrai sens du mot FRUSTRATION !