Un poème inspiré par la polémique, les débats et l’interdiction du film » Much Loved » de Nabil Ayouch et paru dans mon recueil « ,La poésie ma thérapie », en 2016.
Dédié à une catégorie de femmes qui se consument en vendant la JOIE…
Je vous laisse lire pour les découvrir.
Reniées
Dans les bras de la joie je me suis jetée
Au détriment de mon être, de ma fierté,
La schizophrénie de ma société
Et les périls qui guettent ma santé
Sollicitée pour un plaisir éphémère
Sans se soucier de mon statut social
Je peux être seule sans père ni mère
Ou victime d’un déséquilibre familial
Des vautours ont tissé des réseaux
Pour me promettre un monde beau
Jeune et belle mais sans aucun sou
J’ai vite cédé pour un rêve si doux
Je voulais seulement un toit acceptable
Me vêtir, me soigner et manger à ma faim
Pour ceux dont je suis responsable
Je bosse toutes les nuits jusqu’au petit matin
Mes clients diffèrent selon les nations
Ils peuvent être généreux et conscients
De mon calvaire et me traitent décemment
Ou des sadiques qui se défoulent à mes dépens
Au service mon humeur ne compte pas
Pour mes clients je dois procurer la joie
Surtout quand il s’agit d’un gros poisson
Venant de l’orient ou d’autres continents
Aucune loi ne me défend ni ne me protège
Contre les aléas de l’existence
Je travaille toujours en permanence
Qu’il fasse chaud, qu’il pleuve ou qu’il neige
Je dois vivre l’instant et penser à l’avenir
Pas évident, quand j’ai une famille à nourrir
Dans mon métier on a tendance à vite vieillir
Car la chair fraîche par excès peut me trahir
Des hommes rêvent d’une seule nuit
A mes côtés et des filles m’envient
Mais comme atteints de schizophrénie
Dans la réalité ils me rejettent et me renient
Toute femme a besoin de stabilité
C’est une nature à considérer
Ces femmes que du doigt vous montrez
N’ont pas choisi cette vie de bon gré
Si notre pays est réputé produire au féminin
Ce phénomène irrégulier devenu normal
Sachez qu’il affecte aussi le genre masculin
Et méditez pour mettre le doigt sur le mal
Cessez de vous voiler la face et faire semblant
Le constat de notre réalité est flagrant
C’est un métier exercé depuis la nuit des temps
Mais pas de la même façon, certainement …
« La poésie ma thérapie »
27 Mai 2015