Claudette Abert, née en France, est une ancienne professeure d’histoire-géographie à Sidi Bennour et à El Jadida. Dans ce récit, et à notre demande, elle a bien voulu évoquer son séjour en Doukkala dans les années 1960.
Après notre mariage en 1963, mon mari, Christian Abert, né à Casablanca, m’a emmenée au Maroc.
Nous avons enseigné au collège de Sidi Bennour. Pour mon mari trois ans de 1962 à 1965 en tant que professeur de mathématiques au collège de cette localité, quant à moi j’y ai enseigné le français et l’histoire-Géo de 1963 à 1965 où j’ai remplacé le professeur Paul Lagache (aujourd’hui décédé) avant d’être nommés tous les deux à El Jadida.
En 1962, mon mari était hébergé par la famille Pastor dont le mari était forgeron ; son atelier se trouvait en face du souk. A partir de 1963, nous avons habité en face du collège, un premier étage agréable mais sans eau courante, nous étions livrés par un marchand qui la transportait dans une citerne sur un âne. Ensuite il la transvasait dans des récipients formés par de pneus usagés pour nous la livrer. Cette eau, venue d’un puits, était assez boueuse et transvasée dans un fût en métal situé dans la cuisine. Au rez-de-chaussée se trouvaient des garages sans eau ni électricité loués par des élèves venus du bled. Mais, malgré les conditions précaires, ils étaient très motivés et mettaient un point d’honneur à très bien faire leur travail scolaire. La maison que nous habitions appartenait à Si Kabbour qui était aussi le propriétaire de l’unique station service située en face de la cantine de monsieur Martinez où s’arrêtaient les cars de la CTM.
En 1963, il n’y avait que quatre classes : 6°,5°,4° et 3° ; nous étions donc peu d’enseignants. Chaque année le contingent d’élèves doublait d’où la nécessité de construire d’autres bâtiments, même si les classes étaient très chargées en effectif il n’y avait aucun problème de discipline. A l’époque, le directeur du collège était Monsieur Ayada, nous avions sa fille comme élève.
Une seule route goudronnée traversait le village, celle reliant El Jadida à Marrakech, les autres rues du village étaient en terre battue. Le souk de Sidi Bennour était très important dans les Doukkala et au Maroc. Il avait lieu le mardi et de très nombreux paysans venaient y vendre leurs productions : il y avait des montagnes d’oranges. Il y avait aussi la SMAFT qui était une entreprise s’occupant de l’irrigation du périmètre des Doukkala. A l’époque Sidi Bennour dépendait de la région d’El Jadida.
Aujourd’hui Sidi Bennour est devenue une immense ville qui a sa propre région, plusieurs collèges, lycées, un hôpital régional, des banques et même un établissement universitaire…. Que de changements depuis notre départ du Maroc.
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