Par: Driss TAHI
L’Artiste plasticien Abdelkarim El Azhar a durant son fabuleux et impressionnant parcours artistique fait l’objet d’un nombre non négligeable d’articles dans la presse marocaine et étrangère, en plusieurs langues, et par des critiques d’art de grande notoriété.
Le génie de cet artiste est confirmé, et son talent dans le monde des arts plastiques n’estt plus à démontrer ; cela se lit manifestement dans ses œuvres.
Son style singulier, qui fait depuis un certain temps office de signature ; l’expression magique et captivante que dégagent ses œuvres, témoignent d’une culture et qualité picturale, certaines.
Ses continuelles quêtes de perfectionnement et du renouveau, sont un signe avant-gardiste.
Néanmoins, il reste ostensiblement attaché à son authenticité .
Lors d’une de ses rencontres organisée par la médiathèque Tachfini le 12 Août et inscrite dans le programme de la Biblio plage 2017, Abdelkarim El Azhar a envoûté et séduit un public de différents horizons. Animée par Brahim El Haissen un journaliste6critique spécialiste des œuvres du plasticien, et l’un de ses grands amis, venu à l’occasion de Laâyoune pour un énième hommage. Sa présentation très édifiante retraça d’une manière très éloquente et empreinte de respect, le riche parcours de l’artiste précédé, de la projection de son portrait et de sa biographie, sous les applaudissements de l’auditoire.
« Je lisais beaucoup et vite, devait dire ensuite, dit Abdelkarim El Azhar en s’adressant au public. Je pouvais le faire partout où je me trouvais : chez moi, dans le train, en autobus, pour aller au travail, entre le quartier Sbata où je résidais lorsque je m’étais installé à Casablanca pour un temps, et les Roches Noires.Tout y passait : essais ,nouvelles, et romans.
Une fois dans l’autocar entre Casa et Azemmour j’ai pu engloutir sans m’en rendre compte
« Aouraq » de Abdellah Laroui , un de mes auteurs préférés avec Zafzaf
Bouzzfour.
La lecture a été, et est toujours pour beaucoup, dans mes travaux de peinture. Les personnages et les situations tels que je les imagine en lisant, et tels que je les perçois dans les romans, prennent forme dans mon esprit. Les visages, les regards s’incrustent dans mon subconscient pour constituer à un moment donné l’ébauche d’une toile.’’
Et Abdelkarim El Azhar de poursuivre
« Je me suis toujours rebellé en tant qu’artiste-peintre contre les règles. Le côté académique qui caractérisa ma formation dans les écoles des beaux arts , a souvent tendance à représenter une certaine contrainte ,voire une entrave à la liberté artistique et à la créativité dans mes œuvres,
Aussi, pour déroger aux principes, et afin de donner libre cours à cette créativité dans la conception de mes toiles, je travaille tout en parlant et en écoutant ce qui se passe autour de moi : musique et bribes de conversation, une façon propre à moi de ne pas rester prisonnier du conventionnel ; une autre manière de défier les codes établis.
Les brouhahas et les bruits de la rue ne me gênent pas. Je développe mes travaux en essayant de m’inspirer du quotidien ; en puisant dans les souvenirs du passé : la nostalgie de l’enfance ,celle que j’ai vécue dans les ruelles étroites avec des maisons aux façades ornées de jardinières, de pots de fleurs et de plantes sur les rebords des fenêtres et des balcons ; les murs blanchis à la chaux ; le regard accueillant des voisins , surtout les vieilles personnes aux visages souriants et à l’allure modeste ,mais digne , tels les remparts de l’ancienne ville ; le cri du poissonnier ambulant qui ameute les ménagères et secoue les derniers lève-tard ; le bruit des vagues de l’Atlantique et la douceur de l’Oum Rbii et ses couleurs changeantes… Tous ces souvenirs et bien d’autres encore m’ont marqués, sans oublier l’influence de mes voyages et mes séjours hors d’Azemour : à Casablanca et en Europe où le mode de vie « atypique » et son rythme rapide diffèrent de l’atmosphère calme, traditionnelle et presque estivale qui règne dans ma ville.
toute cette alchimie constitue une source inépuisable qui vient alimenter à coup sur mon inspiration »
C’est bien dommage qu’un artiste, d’un talent bien rare, dans le monde et surtout au Maroc, se laisse faire prisonnier dans un style. Abdel’krim a traversé plusieurs phases, voire, plusieurs styles, avant d’echouer avec ces drôles de têtes. Dans le corps humain, il n’y a pas que des têtes, il y a, aussi, d’autres parties et d’autres membres, y compris ceux du sexe féminin. El Azhar, ressemble à un prisonnier victime de son style. S’il ne veut pas écouter ses critiques, il doit au moins écouter ces têtes qui lui disent il est temps de changer et de passer à autres choses. Representer ce que ces têtes voient sur des toiles, sera la nouvelle mission d’Abdel’krim. qui possèdent des qualités graphiques et artistiques uniques dans leurs genre.